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Quatrième de couverture
La révolution industrielle a tout bousculé. Elle a imprimé à la société son mouvement (standardisation, interdépendance et équivalence mécanique de tout – ce que Veblen appelle la « concaténation »). Le « matériel humain » s’est réglé suivant le rythme déshumanisé de la machine qui « inculque de penser en termes de causes et d’effets concrets, impersonnels, au détriment des normes de validité basées sur l’habitude et sur les standards conventionnels hérités du passé ». « Sa base métaphysique est la loi de cause à effet ». Elle a profondément altéré les anciennes préconceptions du monde, tels les liens du sang, les allégeances nationales ou religieuses, autant de principes subitement dévalués. Naguère « puissants facteurs de contrôle humain », ils ne sont plus que le reliquat d’un âge révolu.
Veblen entrevoit un autre changement : la fin des nations.
Parce que le consentement populaire n’est plus désormais de mise. Parce que le patriotisme ne subjugue plus les classes industrielles les plus immédiatement soumises à la discipline (« dressage ») de la machine et converties aux nouvelles habitudes mentales nées de l’industrie. Cette population n’en vient-elle d’ailleurs pas à désinvestir, suivant un processus caractéristique de la pensée évolutionniste, certains droits naturels, dont l’inaliénable droit de propriété ? Veblen observe ce changement principalement parmi les techniciens et les ingénieurs qui s’affichaient alors socialistes et nourrissaient l’ambition d’abolir la propriété.
De là, Veblen diagnostique « le déclin naturel de l’entreprise d’affaires ».
Thornstein Veblen (1857-1929) économiste et sociologue américain, figure inclassable des sciences sociales selon Raymond Aron, est le père du courant institutionnaliste, l’ancêtre de la sociologie des loisirs, le pionnier du mouvement technocratique et même le prophète d’un féminisme paradoxal.
Il est notamment l’auteur de Théorie de la classe de loisir (1899)
Anthony Valois : ce traducteur canadien français a été introduit à l’économie par l’oeuvre de Karl Polanyi, dont l’institutionnalisme l’aura convaincu. Après avoir goûté à l’ivresse productiviste en travaillant en tant que réparateur de puits de pétrole dans l’ouest canadien, la mise à disposition de Veblen pour le public francophone n’était qu’une suite logique à cette histoire de vie.
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