Quatrième de couverture
Les élections présidentielles passent mais se ressemblent étrangement. À chaque fois, et il faut avoir la mémoire bien courte pour l oublier, on assiste à une dramatisation croissante de l enjeu, dramatisation qui cherche à masquer le doute sur l utilité de l élection et à remobiliser le peuple autour de son
échéance. Chacun sent pourtant obscurément que ce dispositif fonctionne de moins en moins et qu on n y adhère plus guère, alors que les moyens de mise en scène n ont jamais été aussi développés et sophistiqués. Ni l invention des primaires, ni les pseudo rebondissements liés aux « affaires », ni l enthousiasme de commande des commentateurs, ni les meetings des candidats rivalisant de professionnalisme spectaculaire, ne parviennent à masquer le problème fondamental posé par cette élection :
en quelque quarante ans elle s est montrée de moins en moins capable d amener au pouvoir des hommes ou des femmes aptes à gouverner la France.
Aussi les électeurs s en détournent-ils progressivement et opposent-ils une résistance sourde à l adhésion qu on cherche à leur extorquer par tous les moyens. On en appelle alors au « populisme » pour stigmatiser cette montée de l indifférence, pouvant prendre aussi la forme d une révolte, à l égard d une élection dont on pouvait penser autrefois qu’elle constituait le cœur battant de la vie politique
française, et dont on s aperçoit aujourd’hui qu’elle l asphyxie et la détruit. Cet essai se propose de revenir sur la responsabilité du système partisan français
dans l autodestruction de cette institution centrale de la République voulue par
le général de Gaulle en 1962. Il montre comment les partis, que de Gaulle voulait
écarter d une élection conçue comme un système de sélection démocratique
des grands hommes, ont repris la main sur celle-ci pour la détourner de son
but. S étant avérés des acteurs-clefs, en lien avec les médias, pour organiser
l élection, ils n ont pas pour autant su accoucher de grands hommes. Tout au
plus de dirigeants qui, à défaut de savoir gouverner la France, ont su la rendre
ingouvernable.
Cet essai montre que nous vivons la « fin de partie » du système partisan français.
Vous êtes un libraire ?