Quatrième de couverture
Les chroniques qui composent ce livre épousent très exactement la décennie qui vient de s’écouler. Une « France sans lettres » ? La formule peut être entendue de différentes façons, les unes et les autres également déprimantes. C’est d’abord la promotion insensée de plumitifs dépourvus de style autant que d’imagination, et l’effondrement parallèle de toute instance critique. C’est le règne des langages prêts à l’emploi, dont le jargon managérial est le fleuron le plus visible. C’est l’enseignement des textes littéraires, de l’école primaire à l’Université, qui fait eau de toutes parts. C’est la vieille force de frappe de la rhétorique chassée par la fausse transparence et l’efficacité plus que douteuse de la communication. À travers des auteurs encensés (Emmanuel Carrère, Delphine de Vigan), des événements marquants (cinquantenaire des accords d’Évian, Gilets jaunes, pandémie du printemps 2020), des questions dites « sociétales » (mariage pour tous, omniprésence du management), Contrecœur s’attache à suivre le fil d’une décennie qui aura officialisé, sans complexe ni état d’âme, le divorce de la France et de son ressort littéraire ancestral.
Pierre Mari est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, romans et essais, parmi lesquels Kleist, un jour d’orgueil (PUF, 2003), Résolution (Actes Sud, 2005), Les Grands jours (Fayard, 2013 – Prix Erwan-Bergot), En Pays défait (Pierre-Guillaume de Roux, 2019).